Syndrome du tunnels carpien,
épicondylite et travail : point de vue du
médecin du travail
Elisabeth Conne-Perréard,
OCIRT Office cantonal de l'inspection et des relations du
travail, Genève
L'évaluation du lien travail-santé est au
centre des préoccupations du médecin du
travail, quelle que soit la pathologie en cause, a fortiori
en cas de troubles musculo-squelettiques.
Le syndrome du canal carpien (SCC) est l'une des
affections péri articulaires pour laquelle les
facteurs étiologiques professionnels sont les mieux
établis :
- répétition de mouvements identiques ou
similaires par la main ou le poignet,
- mouvements impliquant le développement de force par
la main,
- utilisation d'outils vibrants,
- appui fréquent ou prolongé sur le poignet ou
le talon de la main.
Dans le cas des épicondylites, le
développement de force comme facteur isolé,
mais surtout la combinaison de facteurs de contraintes est
mise en cause.
Aux facteurs de risques physiques viennent s'ajouter des
facteurs psycho-sociaux. La monotonie, le faible
degré d'autonomie, la pression sur les rythmes de
travail, le manque de soutien social et de reconnaissance
sont reconnus comme pouvant influencer la survenue ou
l'évolution de troubles musculo-squelettiques. Avec
la psychiatre française Marie Pezé nous
pouvons aussi nous demander « Comment s'étonner
que faire travailler les mains à des gestes vides de
sens soit source de pathologie ? »
Une enquête réalisée à
Montréal montre que la part attribuable au travail
des interventions chirurgicales pour SCC, parmi les
travailleurs manuels est de 55% pour les femmes et 76% pour
les hommes (Rossignol 1997). Bourgeois (2000) estime
à 36% la fraction étiologique des gestes
répétitifs dans le cas
d'épicondylite.
La conférence de consensus SALTSA (Sluiter 2000) a
proposé de standardiser, entre autres, la
définition du SCC et de l'épicondylite, dans
la perspective d'un repérage des formes
précoces, dans un but de prévention. Outre la
définition des symptômes d'appel et des
critères cliniques, des facteurs de risques
professionnels spécifiques de SCC, pour le poignet en
général, et pour le coude sont donnés.
Des outils d'évaluation de l'astreinte psychologique
et du support social, sont également proposés
par le consensus. Les données recueillies permettent
dans l'entreprise d'expliquer la nécessité de
modifier le processus de travail et de valider ces
améliorations.
|